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Haut-Karabakh: la réinstallation des familles azerbaïdjanaises à Füzuli
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Dans le Haut-Karabakh, reconquis par l'Azerbaïdjan entre 2020 et 2023, Bakou mène de grands travaux. Objectif : repeupler au plus vite l'enclave, disputée entre Azerbaïdjanais et Arméniens depuis les années 1990. La réinstallation des premières familles azerbaïdjanaises est largement mise en scène par le régime autoritaire d'Ilham Aliev.
De notre envoyée spéciale de retour de Füzuli,
Pour arriver à Füzuli, dans le Haut-Karabakh, nous sommes accompagnés d’un chauffeur, d’une traductrice et d’un représentant de l’État, c’est une obligation. Les autorités azerbaïdjanaises expliquent que c’est pour des raisons de sécurité, car la région est encore jonchée de mines antipersonnel. C'est aussi une manière d'encadrer, de surveiller les déplacements et les personnes rencontrées.
Füzuli, c’est une ville qui a été récupérée par l’Azerbaïdjan au terme de la seconde guerre du Karabakh, en novembre 2020. Dans la rue, plein de petits commerces qui viennent à peine d'ouvrir : un coiffeur, une esthéticienne, un dentiste, une salle de sport… On peut encore sentir les odeurs de peinture. Les rues sont très calmes, on ne croise pas beaucoup d'habitants.
Deux femmes nous attendent en bas d'un immeuble, elles se dirigent vers nous, tout est très millimétré. L'une d'entre elles témoigne : « Je m’appelle Essan Aliyeva. J’ai été arrachée à la ville de Füzuli par la guerre en 1993. J’avais 8 ans. Je suis ce qu’on appelle une déplacée interne, j’ai dû aller vivre dans une autre ville d’Azerbaïdjan. Trente ans plus tard, je suis enfin de retour. La maison de mon père était près d’ici, se rappelle-t-elle. Je suis si triste qu'il ne soit plus de ce monde pour pouvoir voir cela. Que Dieu bénisse le président, qu’il lui accorde à jamais une bonne santé. Que Dieu bénisse tous nos dirigeants, nos martyrs, nos vétérans. C’est grâce à eux que nous sommes de retour ici aujourd’hui. »
À lire aussiLa crise du Haut-Karabakh en cinq questions
La place des Arméniens dans le Karabakh
Aujourd’hui, il n’y a plus d’Arméniens dans le Karabakh, les derniers sont partis suite au dernier assaut militaire, en septembre 2023. Essan Aliyeva affirme qu'elle n'est pas sûre qu'il sera possible un jour de vivre ensemble : « Ce serait trop difficile après tout ce que nous avons traversé… Nous avons vécu l’enfer. Nous, nous avons toujours cherché à faire la paix par le passé. Mais ça n'a pas été le cas des Arméniens. »
Le représentant de l'État intervient : « Laissez-moi vous dire quelque chose, il y a bien des Arméniens dans le Karabakh. Ils vivent aujourd'hui à Khankendi. Ils vivent entre eux, ils sont en sécurité, personne ne les touche, ils ne touchent personne, nous vivons ensemble en harmonie. »
Lorsque RFI demande s'il est possible d'aller rencontrer les Arméniens vivant à Khankendi, le représentant affirme qu'il ne sait pas, sa collègue non plus. Khankendi, c’est le nom azerbaïdjanais de Stepanakert, l’ancienne capitale de l’enclave séparatiste arménienne du Karabakh. La ville se trouve à seulement 1h15 de voiture de Füzuli et malgré les multiples demandes de RFI, l’accès nous y a été refusé. Des experts américains affirment, d’après des images satellites, que les traces arméniennes sont, dans la zone, peu à peu effacées.
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Dans le Haut-Karabakh, reconquis par l'Azerbaïdjan entre 2020 et 2023, Bakou mène de grands travaux. Objectif : repeupler au plus vite l'enclave, disputée entre Azerbaïdjanais et Arméniens depuis les années 1990. La réinstallation des premières familles azerbaïdjanaises est largement mise en scène par le régime autoritaire d'Ilham Aliev.
De notre envoyée spéciale de retour de Füzuli,
Pour arriver à Füzuli, dans le Haut-Karabakh, nous sommes accompagnés d’un chauffeur, d’une traductrice et d’un représentant de l’État, c’est une obligation. Les autorités azerbaïdjanaises expliquent que c’est pour des raisons de sécurité, car la région est encore jonchée de mines antipersonnel. C'est aussi une manière d'encadrer, de surveiller les déplacements et les personnes rencontrées.
Füzuli, c’est une ville qui a été récupérée par l’Azerbaïdjan au terme de la seconde guerre du Karabakh, en novembre 2020. Dans la rue, plein de petits commerces qui viennent à peine d'ouvrir : un coiffeur, une esthéticienne, un dentiste, une salle de sport… On peut encore sentir les odeurs de peinture. Les rues sont très calmes, on ne croise pas beaucoup d'habitants.
Deux femmes nous attendent en bas d'un immeuble, elles se dirigent vers nous, tout est très millimétré. L'une d'entre elles témoigne : « Je m’appelle Essan Aliyeva. J’ai été arrachée à la ville de Füzuli par la guerre en 1993. J’avais 8 ans. Je suis ce qu’on appelle une déplacée interne, j’ai dû aller vivre dans une autre ville d’Azerbaïdjan. Trente ans plus tard, je suis enfin de retour. La maison de mon père était près d’ici, se rappelle-t-elle. Je suis si triste qu'il ne soit plus de ce monde pour pouvoir voir cela. Que Dieu bénisse le président, qu’il lui accorde à jamais une bonne santé. Que Dieu bénisse tous nos dirigeants, nos martyrs, nos vétérans. C’est grâce à eux que nous sommes de retour ici aujourd’hui. »
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Aujourd’hui, il n’y a plus d’Arméniens dans le Karabakh, les derniers sont partis suite au dernier assaut militaire, en septembre 2023. Essan Aliyeva affirme qu'elle n'est pas sûre qu'il sera possible un jour de vivre ensemble : « Ce serait trop difficile après tout ce que nous avons traversé… Nous avons vécu l’enfer. Nous, nous avons toujours cherché à faire la paix par le passé. Mais ça n'a pas été le cas des Arméniens. »
Le représentant de l'État intervient : « Laissez-moi vous dire quelque chose, il y a bien des Arméniens dans le Karabakh. Ils vivent aujourd'hui à Khankendi. Ils vivent entre eux, ils sont en sécurité, personne ne les touche, ils ne touchent personne, nous vivons ensemble en harmonie. »
Lorsque RFI demande s'il est possible d'aller rencontrer les Arméniens vivant à Khankendi, le représentant affirme qu'il ne sait pas, sa collègue non plus. Khankendi, c’est le nom azerbaïdjanais de Stepanakert, l’ancienne capitale de l’enclave séparatiste arménienne du Karabakh. La ville se trouve à seulement 1h15 de voiture de Füzuli et malgré les multiples demandes de RFI, l’accès nous y a été refusé. Des experts américains affirment, d’après des images satellites, que les traces arméniennes sont, dans la zone, peu à peu effacées.
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