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Samuel Eto'o: «C’était une année vraiment difficile, mais nous avons tenu bon»
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Fini le temps de la colère. Cette fin d’année, Samuel Eto’o se montre beaucoup plus diplomate et conciliant à l’égard de ses adversaires d’il y a six mois, le ministre camerounais des Sports et le sélectionneur belge qu’on lui a imposé à la tête des Lions indomptables. Mais en même temps, le président de la Fédération camerounaise de football ne s’avoue pas vaincu et n’exclut pas d’être candidat, dans un an, à un second mandat à la tête de la Fecafoot. Dès ce mois de mars, il sera candidat à un siège au comité exécutif de la CAF, l’instance faîtière du football africain. Et il compte bien sur le soutien du président de la CAF, le Sud-Africain Patrice Motsepe, pour arriver à ses fins. Les interviews de l’ancienne star du football mondial sont rares. Pour la première fois depuis son conflit ouvert avec le ministre camerounais des Sports, Samuel Eto’o s’exprime et c’est sur RFI.
RFI : Merci de recevoir RFI. Voilà trois ans que vous présidez la Fecafoot, la Fédération camerounaise de football. Mais depuis le mois d'avril dernier, vous avez perdu le contrôle administratif et financier de la sélection nationale des Lions Indomptables au bénéfice du ministre camerounais des Sports. Est-ce que ce n'est pas un gros coup dur ? Est ce que vous n'avez pas envie de laisser tomber ?
Samuel Eto'o : C'est toujours un plaisir de te recevoir, Christophe. Il y a eu des défis. Je préfère les appeler ainsi. Et nous n'avons rien perdu parce que le job de la Fédération est administratif. Les gens semblent l'oublier quand ils veulent, mais il est bien de remettre les choses dans le contexte. La Fédération est reconnue et est en lien avec la CAF et la FIFA. Toutes les transmissions qui peuvent se faire et qui doivent se faire passent automatiquement et uniquement par la Fédération. Donc administrativement, on ne souffre de rien. Et il y a un autre volet, celui qui est financier, qui personnellement ne me pose pas de problème. Mais il s'avère qu’en 2014, le chef de l'Etat, dans sa vision sportive et footballistique, avait signé un décret, un décret qui mettait la Fédération face à ses responsabilités. Ça, c'est le côté financier. Donc ces deniers publics, qui sont contrôlés par les services de l'État, sont sous la responsabilité du président de la Fédération camerounaise de football. Il s'avère que, depuis le mois d'avril, comme vous le dites, ce décret n'est pas respecté.
Mais je vous dis encore que je suis tranquille. Pourquoi ? Parce que vous n'êtes jamais à l'abri d'une mauvaise accusation ou d'une fausse accusation qui pourrait faire beaucoup de dégâts. Maintenant, pour que la responsabilité du président de la Fédération que je suis ne soit plus engagée, il suffisait juste de faire les choses bien. Ça veut dire me saisir administrativement et dire que le décret du chef de l'État de 2014 ne serait plus respecté. Et dès lors, moi, quand les services de l'État se présenteront à la Fédération camerounaise de football pour qu'on travaille sur les justificatifs et sur les lignes budgétaires qui ont été mises à la disposition de la Fédération camerounaise de football, ça veut dire que je puisse brandir un document qui couvre ma responsabilité. Mais il s'avère que ce document n'existe pas et j'espère que le moment venu, quand il faudra répondre à toutes ces questions, on n'essaiera pas de manipuler l'opinion publique en essayant d'engager la responsabilité du président de la Fédération camerounaise de football. Tous les problèmes que vous avez eus, je dis, c'est dommage, parce que nous travaillons normalement pour le même objectif.
Seulement, notre objectif, c'est d'aller un peu plus loin, se permettre de rêver, de dire qu’il faut construire les victoires de demain et c'est ce que nous faisons. Et vous êtes mieux placé que moi pour savoir que les victoires de demain se construisent aujourd'hui et elles se construisent 1 – dans la sérénité, 2 – en respectant les règles, 3 – en suivant un projet. Et nous suivons seulement le projet que nous avons proposé aux électeurs qui nous ont fait confiance. Parce que dans quelques mois, dans moins d'un an bientôt, nous nous mettrons devant ces électeurs pour faire le bilan de ce que nous avons promis. Alors comment nous allons justifier le fait de dire que nous n'avons peut-être pas atteint toutes les performances ou les résultats que nous souhaitons avoir ? D'autres ne comprendront pas qu'il y ait eu des interférences, qu'il y ait eu des gens qui sont rentrés pour des raisons que je ne souhaite pas évoquer ici. Parce qu'une fois de plus, ces raisons peuvent mettre notre beau pays, le Cameroun, dans une situation que nous autres, nous ne souhaitons pas voir.
Donc dans un an, vous serez candidat à votre succession ?
Écoutez, nous avons encore plusieurs mois devant nous. Nous verrons. C'était vraiment une année difficile, mais nous avons tenu bon. Continuons d'avancer. Je verrai avec les partenaires, ceux qui m'ont fait confiance, ceux qui m'accompagnent à longueur de journée. Est-ce que ça vaut le coup qu'on continue ou pas ? Et en fonction de ça, nous allons nous prononcer le moment venu. Mais comme je vous dis, le plus important pour nous, c'est de faire autrement, c'est de montrer qu'on peut construire les victoires de demain.
Alors vous parlez de mauvaises accusations. On l'a vu lors d'une vidéo au mois de mai dernier, où vous avez laissé exploser votre colère, vous êtes en conflit ouvert avec le sélectionneur des Lions indomptables, le Belge Marc Brys. Et dans une interview au journal Dernière Heure, à Bruxelles, celui-ci vous a un peu épinglé quand même. Il reconnaît que vous êtes populaire, que vous êtes très puissant, mais il dit que vous n'avez réussi que comme footballeur et que vous avez échoué dans tous les autres domaines, c'est à dire comme entraîneur, comme entrepreneur et comme président de la Fédération.
Christophe, si je vais répondre à un employé, vous verrez que je perdrai le niveau qui est le mien. Donc, je vais rester à mon niveau de président. Mais juste une petite parenthèse. Je ne pense pas que toutes ces personnes qui parlent, si elles n'étaient pas employées par la Fédération camerounaise de football ou par l'État du Cameroun, vous parleriez de ces personnes-là. Mais je pense que, quand vous citez le nom de Samuel Eto'o, les gens se reconnaissent en Samuel Eto'o et se projettent même pour devenir Samuel Eto'o. Ça veut dire que, quelque part, j'ai réussi quelque chose. Et pour revenir à ce qui nous lie, je pense que certaines positions de ce monsieur auraient pu être revues. Parce que, si vous travaillez pour le Cameroun, nous avons le même objectif, celui des victoires. Mais il s'avère que le président que je suis aujourd'hui a été dans cette équipe pendant plus de 24 ans et que je connais mieux que quiconque les vrais problèmes de cette équipe. Pour certains, la seule chose qui les intéresse, c'est l'équipe fanion. Mais pour nous autres, c'est l’ensemble de toutes les sélections et c'est ce que les gens ne veulent pas comprendre. Quand vous dites « On m'a épinglé », je dis que les gens se donnent de la visibilité à travers moi. Parce que, si vous ne parlez pas de Samuel Eto'o, on ne sait même pas d'où vous êtes sorti. Et puis vous pouvez retracer. Dans le football, on se connaît. Avant l'arrivée de ces personnes dans notre belle équipe, moi je ne les connaissais pas et je n'ai pas de problème personnel avec toutes ces personnes. Et ma philosophie est de prendre ce qu'il y a de bon en chacun de nous pour se mettre ensemble, pour atteindre les objectifs communs que nous pouvons nous donner.
Et ce qu’on doit mettre au-dessus de tout ça, ce sont les objectifs communs que nous avons. Je n'ai pas de problèmes de personnes avec qui que ce soit. J'ai une mission qu’on m’a confiée et je dois la remplir. Point final. À partir de là, je dois m'assurer que le côté administratif, qui est impeccable et sans reproche à la Fédération camerounaise de football, se passe très bien. Et j’en profite pour féliciter mes collaborateurs et, très souvent, nous rentrons dans des débats parce que les gens ne comprennent pas, parce qu'ils n'ont jamais travaillé à un certain niveau. Ils ne savent même pas comment ça fonctionne et on nous envoie dans des débats qui n'ont pas lieu d'être. Je vous prends juste un exemple, Christophe. Vous savez que, quand vous devez convoquer un joueur qui a joué pour une autre nation de football, il y a toute une démarche administrative à suivre. Les gens se lèvent un matin, ils convoquent des joueurs qui ont joué pour d'autres nations et qui se donnent la latitude de dire que la Fédération travaille contre nous. Ça ne se passe pas comme ça. Ce sont des choses qu’il faut anticiper. Mais je comprends que ces gens n'ont pas travaillé à ce niveau et que ces gens ne peuvent pas comprendre. Mais il faut apprendre. Il n’y a rien de mauvais à apprendre et nous sommes tous là pour nous serrer les coudes et avancer et tout faire pour que l'équipe nationale fanion du Cameroun retrouve la place qui était la sienne. Il y a des gens qui ont travaillé pour ça.
Donc je dis souvent que parfois les gens se lancent dans des polémiques qui n'ont pas lieu d'être, un blocage qui n'a pas lieu d'être. Il suffit juste de poser les bonnes questions et on répondra, on apportera des éléments. Mais quand vous regardez, tout a été fait dans les règles de l'art à la Fédération camerounaise de football. Administrativement d'ailleurs, il n’y a plus de problème aujourd'hui. Même si nous avons appris que maintenant les paiements se font en cash, ce que nous avons banni à un moment donné parce que ça créait la suspicion et parce qu’il faut une meilleure traçabilité. Il fallait insister et je souhaite qu'on insiste parce que, sinon, nous allons repartir 20 ans en arrière, à l’époque où on payait des gens en cash et on ne savait pas trop où l'argent passait.
Les résultats, ils sont plutôt bons en ce moment pour l'équipe fanion, pour les Lions indomptables. Elle s'est qualifiée pour la prochaine CAN au Maroc. Il n'y a pas eu de défaite depuis le mois de juin, depuis que Marc Brys est le sélectionneur de cette équipe. Il n’est pas si mal, finalement, ce sélectionneur belge, non ?
Écoutez, personne n'a dit qu'il était mauvais, mais il y a des règles et ces règles doivent être respectées. Il y a un décret qui est là, qui donne des pouvoirs à la Fédération camerounaise de football. Mais beaucoup plus loin, il y a les statuts de la FIFA, de la CAF et de la Fédération camerounaise de football qui donnent les pouvoirs au comité exécutif et à son président de choisir son sélectionneur sur la base du projet que nous avons présenté aux délégués. C'était ça le débat. Je ne rentre pas dans le jugement s'il est bon ou pas. Jamais je n'ai dit qu'il n'était pas bon, parce que je ne le connaissais pas. Donc je ne peux pas juger quelqu'un que je ne connais pas. Mais sur la base du projet que nous avons présenté aux délégués, il était bon qu'on aille jusqu'au bout de notre logique.
Nous avons voulu nationaliser le banc de touche, parce que nous nous sommes dits qu’on n'avait pas besoin d'aller chercher notre expertise ailleurs et nous avons connu beaucoup de problèmes avec les sélectionneurs étrangers qui venaient et qui traînaient tout le temps la Fédération camerounaise et l'État du Cameroun devant les tribunaux, où au final l'État se retrouvait en train de payer des sommes pas possibles. Nous nous sommes dits que nous allions donner l'opportunité aux Camerounais de bien faire le travail et je pense qu'au-delà des commentaires que nous pouvons avoir et de l'ambiance qui a été difficile, le sélectionneur Rigobert Song, dans des conditions particulières, a rempli sa mission. Il a qualifié le Cameroun in extremis à Blida. Il a qualifié le Cameroun pour la CAN. Nous avons eu une CAN difficile. Il a continué. Il a commencé les éliminatoires que le sélectionneur Marc Brys a continués. Il y avait déjà un résultat qui était là. Et c'était dans des conditions difficiles parce que c'est un Camerounais qui était à la tête de la sélection fanion. Ça, c'est la vérité. C'est parce que c'est un Camerounais. On estimait qu'on ne pouvait pas faire certaines choses, donc il fallait prendre quelqu'un d'autre. Je ne m'oppose pas à ça. Je dis juste qu’il faut qu'on respecte la loi parce que c'est la loi qui nous permet de vivre ensemble. C'est la loi qui nous permet de nous respecter et de nous mettre en face de nos responsabilités.
Aujourd'hui, le Cameroun gagne. Mais imaginez aussi si le Cameroun ne gagnait pas. Qui devrait être responsable de la situation ? Et je pense que c'est la question qu'on doit se poser. Et le président Biya, qui a été un visionnaire, a signé des décrets en mettant des gens face à leurs responsabilités. Pourquoi ? Parce qu'à la fin de la journée, il faudrait qu'on dise : « Monsieur le Président de la Fédération camerounaise de football, vous n'avez pas fait votre job », et que je devrais être sanctionné par ces délégués qui me donnent mandat de représenter le football camerounais. Quand on rentre dans une situation que peu de gens comprennent vraiment parce qu'on essaie de manipuler les uns et les autres, au final, qui est responsable ? C'est ça. Parce que les lois, le décret du chef de l'État, toutes ces choses n'ont pas été respectées. Mais personne n'a jamais dit que ce monsieur était bon ou pas. Du moins de mon côté, comme président de la Fédération camerounaise de football. Parce qu’avant son arrivée au Cameroun, je n'avais jamais entendu parler de ce monsieur. Et Dieu sait que je connais quand même le monde du football. Et je connais plusieurs grands entraîneurs qui ont gagné et qu'on connaît. Il est arrivé là, nous allons tout faire pour qu'il atteigne les objectifs que nous avons en commun.
Ces victoires sont les nôtres. Ses défaites aussi sont les nôtres. Parce qu'il ne faut pas oublier quelque chose. Les fédérations en Afrique, elles vivent grâce aux victoires des équipes fanion. Parce que quand vous êtes qualifiés à une CAN ou à la phase finale de la Coupe du monde, vous avez un « price money » qui vous permet de construire un stade, qui vous permet de construire un siège. On ne peut donc pas travailler contre nos propres objectifs ! Souvent, quand les gens disent « « Oh, mais la Fédération travaille contre nous »… Mais non ! Comment la Fédération peut travailler contre vous ? Parce que ceux qui bénéficient des victoires de la Fédération, les premiers sont ceux qui représentent directement la Fédération camerounaise de football. Donc nous faisons tout pour que tout marche bien dans des conditions particulières.
Depuis le mois d'avril, vous êtes donc opposé au ministre camerounais des Sports, Narcisse Mouelle Kombi. Mais celui-ci est soutenu par le très puissant secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh. Est-ce que cet adversaire n'est pas trop fort pour vous ?
Christophe, je ne suis opposé à personne. J'ai défendu la légalité. C'est la seule chose que je défends. La légalité. Je ne me reconnais pas comme ayant des adversaires. Le ministre des Sports, c'est un aîné. Et j'ai eu l'occasion de le lui dire. Je défends la loi parce que c'est la loi qui permet au Cameroun de vivre ensemble. Et nous savons tous que le président Biya a porté ce vivre-ensemble. Il le met au-dessus de tout parce que, dès lors où on ne peut pas respecter la constitution, dès lors où on ne peut plus respecter le décret signé par le chef de l'État, il y a un problème. Mais vous êtes conscient que le jeune monsieur que je suis, je ne peux pas être celui qui ne respecte pas la volonté du chef de l'État. Le chef de l'État est le seul à faire la politique. Nous autres, à travers le football, nous avons le devoir d'accompagner, à notre petit niveau, la vision du chef de l'État et c'est la seule chose que nous faisons. Donc, si mon aîné, monsieur le ministre des Sports, prend une position que nous, à la Fédération, nous estimons qu'elle n'est pas dans la légalité, bien sûr que nous faisons savoir au ministre notre point de vue. Et je pense aussi qu'à son tour, s'il estime que la Fédération n'est pas dans la légalité… Mais il s'avère que nous le sommes toujours, parce que, malgré cette tentative, au final, nous avons toujours eu raison sur toutes ces choses. Pourquoi ? Parce qu'il faut qu'on apprenne à respecter ce qui est juste. Il faut qu'on apprenne à respecter les écrits, la loi, parce que les gens ne se rendent pas compte qu’en sortant de là, il n’y a plus d'État et puis il n’y a plus de respect.
Vous parlez politique et l'une des causes de vos ennuis, vous le savez bien, Samuel Eto'o, c'est qu’un certain nombre de Camerounais disent que vous avez des ambitions politiques et que vous visez un destin à la George Weah au Liberia. La prochaine présidentielle au Cameroun, c'est au mois d'octobre prochain. Est-ce que vous y pensez ?
Mais écoutez, Christophe, je pense que vous recevez pas mal d’hommes politiques et vous savez quand même que je ne peux pas me présenter à l'élection. Je vais prendre les députés où ? Je n’ai pas de parti. Et puis je crois, si mes souvenirs sont exacts, que ceux qui souhaitent se lancer dans cette élection sont connus. Et puis ils connaissent clairement ma position, celle que j'ai toujours affichée, celle de soutenir le président Biya. Et je ne change pas ma position. Mais la même préoccupation que certains, comme vous dites, ont eue, ils l’ont aussi eue au niveau de la CAF, ils l'ont aussi eue au niveau de la FIFA. Donc finalement, partout, je me retrouve dans des problèmes parce que les gens me prêtent des intentions. Mais jamais je ne me suis prononcé sur toutes ces choses.
Vous êtes un citoyen camerounais, Samuel Eto'o. Rien ne vous interdit un jour d'être candidat à une élection présidentielle…
Vous savez, généralement, je fais ce qui me rend heureux et je n'épouse pas les idées des autres. Et je ne veux pas être le mur où les autres se cachent en nourrissant leur projet. Et je ne suis pas quelqu'un qui ne dit pas ce qu'il pense. Je dis toujours ce que je pense et j'assume ce que je dis et je l'ai dit il y a quelques mois, je le redis encore clairement : Mon soutien, il est là, il n'a jamais changé et, comme vous le savez, chacun de nous se met derrière son champion pour des raisons qui lui sont propres. Et pour moi, ça ne changera pas. Je n'ai pas cette prétention ni cette volonté de me lancer dans une course politique. J'ai voulu devenir président de la Fédération camerounaise de football. Je suis allé chercher ce mandat de rupture et je suis en train de dérouler le projet que j'ai présenté aux délégués qui m'ont fait confiance, qui nous ont fait confiance.
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Fini le temps de la colère. Cette fin d’année, Samuel Eto’o se montre beaucoup plus diplomate et conciliant à l’égard de ses adversaires d’il y a six mois, le ministre camerounais des Sports et le sélectionneur belge qu’on lui a imposé à la tête des Lions indomptables. Mais en même temps, le président de la Fédération camerounaise de football ne s’avoue pas vaincu et n’exclut pas d’être candidat, dans un an, à un second mandat à la tête de la Fecafoot. Dès ce mois de mars, il sera candidat à un siège au comité exécutif de la CAF, l’instance faîtière du football africain. Et il compte bien sur le soutien du président de la CAF, le Sud-Africain Patrice Motsepe, pour arriver à ses fins. Les interviews de l’ancienne star du football mondial sont rares. Pour la première fois depuis son conflit ouvert avec le ministre camerounais des Sports, Samuel Eto’o s’exprime et c’est sur RFI.
RFI : Merci de recevoir RFI. Voilà trois ans que vous présidez la Fecafoot, la Fédération camerounaise de football. Mais depuis le mois d'avril dernier, vous avez perdu le contrôle administratif et financier de la sélection nationale des Lions Indomptables au bénéfice du ministre camerounais des Sports. Est-ce que ce n'est pas un gros coup dur ? Est ce que vous n'avez pas envie de laisser tomber ?
Samuel Eto'o : C'est toujours un plaisir de te recevoir, Christophe. Il y a eu des défis. Je préfère les appeler ainsi. Et nous n'avons rien perdu parce que le job de la Fédération est administratif. Les gens semblent l'oublier quand ils veulent, mais il est bien de remettre les choses dans le contexte. La Fédération est reconnue et est en lien avec la CAF et la FIFA. Toutes les transmissions qui peuvent se faire et qui doivent se faire passent automatiquement et uniquement par la Fédération. Donc administrativement, on ne souffre de rien. Et il y a un autre volet, celui qui est financier, qui personnellement ne me pose pas de problème. Mais il s'avère qu’en 2014, le chef de l'Etat, dans sa vision sportive et footballistique, avait signé un décret, un décret qui mettait la Fédération face à ses responsabilités. Ça, c'est le côté financier. Donc ces deniers publics, qui sont contrôlés par les services de l'État, sont sous la responsabilité du président de la Fédération camerounaise de football. Il s'avère que, depuis le mois d'avril, comme vous le dites, ce décret n'est pas respecté.
Mais je vous dis encore que je suis tranquille. Pourquoi ? Parce que vous n'êtes jamais à l'abri d'une mauvaise accusation ou d'une fausse accusation qui pourrait faire beaucoup de dégâts. Maintenant, pour que la responsabilité du président de la Fédération que je suis ne soit plus engagée, il suffisait juste de faire les choses bien. Ça veut dire me saisir administrativement et dire que le décret du chef de l'État de 2014 ne serait plus respecté. Et dès lors, moi, quand les services de l'État se présenteront à la Fédération camerounaise de football pour qu'on travaille sur les justificatifs et sur les lignes budgétaires qui ont été mises à la disposition de la Fédération camerounaise de football, ça veut dire que je puisse brandir un document qui couvre ma responsabilité. Mais il s'avère que ce document n'existe pas et j'espère que le moment venu, quand il faudra répondre à toutes ces questions, on n'essaiera pas de manipuler l'opinion publique en essayant d'engager la responsabilité du président de la Fédération camerounaise de football. Tous les problèmes que vous avez eus, je dis, c'est dommage, parce que nous travaillons normalement pour le même objectif.
Seulement, notre objectif, c'est d'aller un peu plus loin, se permettre de rêver, de dire qu’il faut construire les victoires de demain et c'est ce que nous faisons. Et vous êtes mieux placé que moi pour savoir que les victoires de demain se construisent aujourd'hui et elles se construisent 1 – dans la sérénité, 2 – en respectant les règles, 3 – en suivant un projet. Et nous suivons seulement le projet que nous avons proposé aux électeurs qui nous ont fait confiance. Parce que dans quelques mois, dans moins d'un an bientôt, nous nous mettrons devant ces électeurs pour faire le bilan de ce que nous avons promis. Alors comment nous allons justifier le fait de dire que nous n'avons peut-être pas atteint toutes les performances ou les résultats que nous souhaitons avoir ? D'autres ne comprendront pas qu'il y ait eu des interférences, qu'il y ait eu des gens qui sont rentrés pour des raisons que je ne souhaite pas évoquer ici. Parce qu'une fois de plus, ces raisons peuvent mettre notre beau pays, le Cameroun, dans une situation que nous autres, nous ne souhaitons pas voir.
Donc dans un an, vous serez candidat à votre succession ?
Écoutez, nous avons encore plusieurs mois devant nous. Nous verrons. C'était vraiment une année difficile, mais nous avons tenu bon. Continuons d'avancer. Je verrai avec les partenaires, ceux qui m'ont fait confiance, ceux qui m'accompagnent à longueur de journée. Est-ce que ça vaut le coup qu'on continue ou pas ? Et en fonction de ça, nous allons nous prononcer le moment venu. Mais comme je vous dis, le plus important pour nous, c'est de faire autrement, c'est de montrer qu'on peut construire les victoires de demain.
Alors vous parlez de mauvaises accusations. On l'a vu lors d'une vidéo au mois de mai dernier, où vous avez laissé exploser votre colère, vous êtes en conflit ouvert avec le sélectionneur des Lions indomptables, le Belge Marc Brys. Et dans une interview au journal Dernière Heure, à Bruxelles, celui-ci vous a un peu épinglé quand même. Il reconnaît que vous êtes populaire, que vous êtes très puissant, mais il dit que vous n'avez réussi que comme footballeur et que vous avez échoué dans tous les autres domaines, c'est à dire comme entraîneur, comme entrepreneur et comme président de la Fédération.
Christophe, si je vais répondre à un employé, vous verrez que je perdrai le niveau qui est le mien. Donc, je vais rester à mon niveau de président. Mais juste une petite parenthèse. Je ne pense pas que toutes ces personnes qui parlent, si elles n'étaient pas employées par la Fédération camerounaise de football ou par l'État du Cameroun, vous parleriez de ces personnes-là. Mais je pense que, quand vous citez le nom de Samuel Eto'o, les gens se reconnaissent en Samuel Eto'o et se projettent même pour devenir Samuel Eto'o. Ça veut dire que, quelque part, j'ai réussi quelque chose. Et pour revenir à ce qui nous lie, je pense que certaines positions de ce monsieur auraient pu être revues. Parce que, si vous travaillez pour le Cameroun, nous avons le même objectif, celui des victoires. Mais il s'avère que le président que je suis aujourd'hui a été dans cette équipe pendant plus de 24 ans et que je connais mieux que quiconque les vrais problèmes de cette équipe. Pour certains, la seule chose qui les intéresse, c'est l'équipe fanion. Mais pour nous autres, c'est l’ensemble de toutes les sélections et c'est ce que les gens ne veulent pas comprendre. Quand vous dites « On m'a épinglé », je dis que les gens se donnent de la visibilité à travers moi. Parce que, si vous ne parlez pas de Samuel Eto'o, on ne sait même pas d'où vous êtes sorti. Et puis vous pouvez retracer. Dans le football, on se connaît. Avant l'arrivée de ces personnes dans notre belle équipe, moi je ne les connaissais pas et je n'ai pas de problème personnel avec toutes ces personnes. Et ma philosophie est de prendre ce qu'il y a de bon en chacun de nous pour se mettre ensemble, pour atteindre les objectifs communs que nous pouvons nous donner.
Et ce qu’on doit mettre au-dessus de tout ça, ce sont les objectifs communs que nous avons. Je n'ai pas de problèmes de personnes avec qui que ce soit. J'ai une mission qu’on m’a confiée et je dois la remplir. Point final. À partir de là, je dois m'assurer que le côté administratif, qui est impeccable et sans reproche à la Fédération camerounaise de football, se passe très bien. Et j’en profite pour féliciter mes collaborateurs et, très souvent, nous rentrons dans des débats parce que les gens ne comprennent pas, parce qu'ils n'ont jamais travaillé à un certain niveau. Ils ne savent même pas comment ça fonctionne et on nous envoie dans des débats qui n'ont pas lieu d'être. Je vous prends juste un exemple, Christophe. Vous savez que, quand vous devez convoquer un joueur qui a joué pour une autre nation de football, il y a toute une démarche administrative à suivre. Les gens se lèvent un matin, ils convoquent des joueurs qui ont joué pour d'autres nations et qui se donnent la latitude de dire que la Fédération travaille contre nous. Ça ne se passe pas comme ça. Ce sont des choses qu’il faut anticiper. Mais je comprends que ces gens n'ont pas travaillé à ce niveau et que ces gens ne peuvent pas comprendre. Mais il faut apprendre. Il n’y a rien de mauvais à apprendre et nous sommes tous là pour nous serrer les coudes et avancer et tout faire pour que l'équipe nationale fanion du Cameroun retrouve la place qui était la sienne. Il y a des gens qui ont travaillé pour ça.
Donc je dis souvent que parfois les gens se lancent dans des polémiques qui n'ont pas lieu d'être, un blocage qui n'a pas lieu d'être. Il suffit juste de poser les bonnes questions et on répondra, on apportera des éléments. Mais quand vous regardez, tout a été fait dans les règles de l'art à la Fédération camerounaise de football. Administrativement d'ailleurs, il n’y a plus de problème aujourd'hui. Même si nous avons appris que maintenant les paiements se font en cash, ce que nous avons banni à un moment donné parce que ça créait la suspicion et parce qu’il faut une meilleure traçabilité. Il fallait insister et je souhaite qu'on insiste parce que, sinon, nous allons repartir 20 ans en arrière, à l’époque où on payait des gens en cash et on ne savait pas trop où l'argent passait.
Les résultats, ils sont plutôt bons en ce moment pour l'équipe fanion, pour les Lions indomptables. Elle s'est qualifiée pour la prochaine CAN au Maroc. Il n'y a pas eu de défaite depuis le mois de juin, depuis que Marc Brys est le sélectionneur de cette équipe. Il n’est pas si mal, finalement, ce sélectionneur belge, non ?
Écoutez, personne n'a dit qu'il était mauvais, mais il y a des règles et ces règles doivent être respectées. Il y a un décret qui est là, qui donne des pouvoirs à la Fédération camerounaise de football. Mais beaucoup plus loin, il y a les statuts de la FIFA, de la CAF et de la Fédération camerounaise de football qui donnent les pouvoirs au comité exécutif et à son président de choisir son sélectionneur sur la base du projet que nous avons présenté aux délégués. C'était ça le débat. Je ne rentre pas dans le jugement s'il est bon ou pas. Jamais je n'ai dit qu'il n'était pas bon, parce que je ne le connaissais pas. Donc je ne peux pas juger quelqu'un que je ne connais pas. Mais sur la base du projet que nous avons présenté aux délégués, il était bon qu'on aille jusqu'au bout de notre logique.
Nous avons voulu nationaliser le banc de touche, parce que nous nous sommes dits qu’on n'avait pas besoin d'aller chercher notre expertise ailleurs et nous avons connu beaucoup de problèmes avec les sélectionneurs étrangers qui venaient et qui traînaient tout le temps la Fédération camerounaise et l'État du Cameroun devant les tribunaux, où au final l'État se retrouvait en train de payer des sommes pas possibles. Nous nous sommes dits que nous allions donner l'opportunité aux Camerounais de bien faire le travail et je pense qu'au-delà des commentaires que nous pouvons avoir et de l'ambiance qui a été difficile, le sélectionneur Rigobert Song, dans des conditions particulières, a rempli sa mission. Il a qualifié le Cameroun in extremis à Blida. Il a qualifié le Cameroun pour la CAN. Nous avons eu une CAN difficile. Il a continué. Il a commencé les éliminatoires que le sélectionneur Marc Brys a continués. Il y avait déjà un résultat qui était là. Et c'était dans des conditions difficiles parce que c'est un Camerounais qui était à la tête de la sélection fanion. Ça, c'est la vérité. C'est parce que c'est un Camerounais. On estimait qu'on ne pouvait pas faire certaines choses, donc il fallait prendre quelqu'un d'autre. Je ne m'oppose pas à ça. Je dis juste qu’il faut qu'on respecte la loi parce que c'est la loi qui nous permet de vivre ensemble. C'est la loi qui nous permet de nous respecter et de nous mettre en face de nos responsabilités.
Aujourd'hui, le Cameroun gagne. Mais imaginez aussi si le Cameroun ne gagnait pas. Qui devrait être responsable de la situation ? Et je pense que c'est la question qu'on doit se poser. Et le président Biya, qui a été un visionnaire, a signé des décrets en mettant des gens face à leurs responsabilités. Pourquoi ? Parce qu'à la fin de la journée, il faudrait qu'on dise : « Monsieur le Président de la Fédération camerounaise de football, vous n'avez pas fait votre job », et que je devrais être sanctionné par ces délégués qui me donnent mandat de représenter le football camerounais. Quand on rentre dans une situation que peu de gens comprennent vraiment parce qu'on essaie de manipuler les uns et les autres, au final, qui est responsable ? C'est ça. Parce que les lois, le décret du chef de l'État, toutes ces choses n'ont pas été respectées. Mais personne n'a jamais dit que ce monsieur était bon ou pas. Du moins de mon côté, comme président de la Fédération camerounaise de football. Parce qu’avant son arrivée au Cameroun, je n'avais jamais entendu parler de ce monsieur. Et Dieu sait que je connais quand même le monde du football. Et je connais plusieurs grands entraîneurs qui ont gagné et qu'on connaît. Il est arrivé là, nous allons tout faire pour qu'il atteigne les objectifs que nous avons en commun.
Ces victoires sont les nôtres. Ses défaites aussi sont les nôtres. Parce qu'il ne faut pas oublier quelque chose. Les fédérations en Afrique, elles vivent grâce aux victoires des équipes fanion. Parce que quand vous êtes qualifiés à une CAN ou à la phase finale de la Coupe du monde, vous avez un « price money » qui vous permet de construire un stade, qui vous permet de construire un siège. On ne peut donc pas travailler contre nos propres objectifs ! Souvent, quand les gens disent « « Oh, mais la Fédération travaille contre nous »… Mais non ! Comment la Fédération peut travailler contre vous ? Parce que ceux qui bénéficient des victoires de la Fédération, les premiers sont ceux qui représentent directement la Fédération camerounaise de football. Donc nous faisons tout pour que tout marche bien dans des conditions particulières.
Depuis le mois d'avril, vous êtes donc opposé au ministre camerounais des Sports, Narcisse Mouelle Kombi. Mais celui-ci est soutenu par le très puissant secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh. Est-ce que cet adversaire n'est pas trop fort pour vous ?
Christophe, je ne suis opposé à personne. J'ai défendu la légalité. C'est la seule chose que je défends. La légalité. Je ne me reconnais pas comme ayant des adversaires. Le ministre des Sports, c'est un aîné. Et j'ai eu l'occasion de le lui dire. Je défends la loi parce que c'est la loi qui permet au Cameroun de vivre ensemble. Et nous savons tous que le président Biya a porté ce vivre-ensemble. Il le met au-dessus de tout parce que, dès lors où on ne peut pas respecter la constitution, dès lors où on ne peut plus respecter le décret signé par le chef de l'État, il y a un problème. Mais vous êtes conscient que le jeune monsieur que je suis, je ne peux pas être celui qui ne respecte pas la volonté du chef de l'État. Le chef de l'État est le seul à faire la politique. Nous autres, à travers le football, nous avons le devoir d'accompagner, à notre petit niveau, la vision du chef de l'État et c'est la seule chose que nous faisons. Donc, si mon aîné, monsieur le ministre des Sports, prend une position que nous, à la Fédération, nous estimons qu'elle n'est pas dans la légalité, bien sûr que nous faisons savoir au ministre notre point de vue. Et je pense aussi qu'à son tour, s'il estime que la Fédération n'est pas dans la légalité… Mais il s'avère que nous le sommes toujours, parce que, malgré cette tentative, au final, nous avons toujours eu raison sur toutes ces choses. Pourquoi ? Parce qu'il faut qu'on apprenne à respecter ce qui est juste. Il faut qu'on apprenne à respecter les écrits, la loi, parce que les gens ne se rendent pas compte qu’en sortant de là, il n’y a plus d'État et puis il n’y a plus de respect.
Vous parlez politique et l'une des causes de vos ennuis, vous le savez bien, Samuel Eto'o, c'est qu’un certain nombre de Camerounais disent que vous avez des ambitions politiques et que vous visez un destin à la George Weah au Liberia. La prochaine présidentielle au Cameroun, c'est au mois d'octobre prochain. Est-ce que vous y pensez ?
Mais écoutez, Christophe, je pense que vous recevez pas mal d’hommes politiques et vous savez quand même que je ne peux pas me présenter à l'élection. Je vais prendre les députés où ? Je n’ai pas de parti. Et puis je crois, si mes souvenirs sont exacts, que ceux qui souhaitent se lancer dans cette élection sont connus. Et puis ils connaissent clairement ma position, celle que j'ai toujours affichée, celle de soutenir le président Biya. Et je ne change pas ma position. Mais la même préoccupation que certains, comme vous dites, ont eue, ils l’ont aussi eue au niveau de la CAF, ils l'ont aussi eue au niveau de la FIFA. Donc finalement, partout, je me retrouve dans des problèmes parce que les gens me prêtent des intentions. Mais jamais je ne me suis prononcé sur toutes ces choses.
Vous êtes un citoyen camerounais, Samuel Eto'o. Rien ne vous interdit un jour d'être candidat à une élection présidentielle…
Vous savez, généralement, je fais ce qui me rend heureux et je n'épouse pas les idées des autres. Et je ne veux pas être le mur où les autres se cachent en nourrissant leur projet. Et je ne suis pas quelqu'un qui ne dit pas ce qu'il pense. Je dis toujours ce que je pense et j'assume ce que je dis et je l'ai dit il y a quelques mois, je le redis encore clairement : Mon soutien, il est là, il n'a jamais changé et, comme vous le savez, chacun de nous se met derrière son champion pour des raisons qui lui sont propres. Et pour moi, ça ne changera pas. Je n'ai pas cette prétention ni cette volonté de me lancer dans une course politique. J'ai voulu devenir président de la Fédération camerounaise de football. Je suis allé chercher ce mandat de rupture et je suis en train de dérouler le projet que j'ai présenté aux délégués qui m'ont fait confiance, qui nous ont fait confiance.
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