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Rodney Saint-Éloi, poète haïtien: «Sortir de la province pour aller vers le monde»

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Le Festival du livre de Paris ouvre ses portes ce vendredi 12 avril, jusqu'à dimanche dans la capitale française. Considéré comme l'événement littéraire du printemps, le festival attend 100 000 visiteurs en trois jours. Cette année, le Québec est l'invité d'honneur du festival avec 42 auteurs et 77 maisons d'éditions présentes à Paris. Parmi ces maisons, celle fondée il y a deux décennies par le poète haïtien Rodney Saint-Éloi, Mémoire d'Encrier. Une maison qui a fait évoluer le regard des Québécois sur la littérature dites « des marges ».

RFI : Rodney Saint-Éloi, vous êtes poète, écrivain, essayiste, fondateur de la maison d’édition Mémoire d’Encrier, c’était il y a 21 ans. Vous êtes né en Haïti et vous vivez au Québec. Il y a quelques années, vous disiez que l’édition québécoise manquait de diversité. Est-ce que ce constat est toujours valable ?

Rodney Saint-Éloi : On a fait du chemin, et quand on parle de Québec aujourd’hui, il y a une partie très forte de la diversité, des gens racisés, et il y a de nouvelles voies qui s’inscrivent dans cet ensemble-là. Et je pense que c’est tant mieux, parce que ça s’est entre-temps beaucoup diversifié. Quand je vois ce qui se passe avec Naomie Fontaine, quand je vois qui se passe avec Rita Mestokosho, qui est ici présente au Festival, on voit que le Québec est plus grand que ce que l’on appelle le Québec. Et c’est ce que portent ces voix-là.

Avant, la littérature québécoise était une littérature de souche, une littérature pure laine. Donc nous, on a mis un petit peu de mauvaise laine dedans. C’est moins pur. Et c’est ça qui est intéressant. Le combat, c’est qui raconte nos histoires.

Est-ce que ce combat que vous menez, cette exhortation à aller chercher des écritures différentes, a fait école chez d’autres éditeurs ?

Oui, je pense que c’est même un impératif. C’est-à-dire qu’il y a un comité de diversité dont je suis le président à Québec Éditions. Il y a une maison d’édition proprement autochtone qui s’appelle Éditions Hannenorak, qui publie des autochtones. Il y a en fait une demande très claire pour des maisons où, traditionnellement, il y a peut-être 15 ans, quand un Noir voulait publier un livre à Montréal, on lui disait d’aller chez Mémoire d’Encrier. Et ce n’était même pas du racisme.

Les gens pensaient qu’ils n’étaient pas autorisés, que ce n’était pas leur affaire, la condition noire. Mais je leur dis : « Mais la condition noire, c’est une condition humaine. La condition arabe, c’est une condition humaine. Il faut regarder le monde. C’est ça, sortir de la province pour aller vers le monde. » C’est cette impulsion, je crois, que Mémoire d’Encrier a donné à la littérature québécoise.

Quand vous voyez aujourd’hui la situation que traverse Haïti, comment se faire entendre quand on est romancier, poète, éditeur, pour que l’on puisse un jour mettre un terme à cette anarchie ?

On est dans une impuissance. Ce qui se développe aujourd’hui, c’est un imaginaire de l’anéantissement. C’est-à-dire que l’Haïtien que je suis ne comprend pas Haïti. Mais pour revenir à la littérature, j’ai beaucoup parlé d’une société fondée sur le mépris dans Quand il fait triste, Bertha chante, un livre que j’ai publié récemment. Parce qu’une société qui est fondée sur le mépris n’est pas une société viable.

Et Haïti a été longtemps une société coloniale et qui s’est toujours comportée comme une société coloniale entre Haïtiens. Une société profondément raciste entre Haïtiens. Donc ce legs, c’est un legs empoisonné. Et je pense qu’on a essayé de culbuter le malheur. Mais en Haïti, le malheur donne le malheur.

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RFI : Rodney Saint-Éloi, vous êtes poète, écrivain, essayiste, fondateur de la maison d’édition Mémoire d’Encrier, c’était il y a 21 ans. Vous êtes né en Haïti et vous vivez au Québec. Il y a quelques années, vous disiez que l’édition québécoise manquait de diversité. Est-ce que ce constat est toujours valable ?

Rodney Saint-Éloi : On a fait du chemin, et quand on parle de Québec aujourd’hui, il y a une partie très forte de la diversité, des gens racisés, et il y a de nouvelles voies qui s’inscrivent dans cet ensemble-là. Et je pense que c’est tant mieux, parce que ça s’est entre-temps beaucoup diversifié. Quand je vois ce qui se passe avec Naomie Fontaine, quand je vois qui se passe avec Rita Mestokosho, qui est ici présente au Festival, on voit que le Québec est plus grand que ce que l’on appelle le Québec. Et c’est ce que portent ces voix-là.

Avant, la littérature québécoise était une littérature de souche, une littérature pure laine. Donc nous, on a mis un petit peu de mauvaise laine dedans. C’est moins pur. Et c’est ça qui est intéressant. Le combat, c’est qui raconte nos histoires.

Est-ce que ce combat que vous menez, cette exhortation à aller chercher des écritures différentes, a fait école chez d’autres éditeurs ?

Oui, je pense que c’est même un impératif. C’est-à-dire qu’il y a un comité de diversité dont je suis le président à Québec Éditions. Il y a une maison d’édition proprement autochtone qui s’appelle Éditions Hannenorak, qui publie des autochtones. Il y a en fait une demande très claire pour des maisons où, traditionnellement, il y a peut-être 15 ans, quand un Noir voulait publier un livre à Montréal, on lui disait d’aller chez Mémoire d’Encrier. Et ce n’était même pas du racisme.

Les gens pensaient qu’ils n’étaient pas autorisés, que ce n’était pas leur affaire, la condition noire. Mais je leur dis : « Mais la condition noire, c’est une condition humaine. La condition arabe, c’est une condition humaine. Il faut regarder le monde. C’est ça, sortir de la province pour aller vers le monde. » C’est cette impulsion, je crois, que Mémoire d’Encrier a donné à la littérature québécoise.

Quand vous voyez aujourd’hui la situation que traverse Haïti, comment se faire entendre quand on est romancier, poète, éditeur, pour que l’on puisse un jour mettre un terme à cette anarchie ?

On est dans une impuissance. Ce qui se développe aujourd’hui, c’est un imaginaire de l’anéantissement. C’est-à-dire que l’Haïtien que je suis ne comprend pas Haïti. Mais pour revenir à la littérature, j’ai beaucoup parlé d’une société fondée sur le mépris dans Quand il fait triste, Bertha chante, un livre que j’ai publié récemment. Parce qu’une société qui est fondée sur le mépris n’est pas une société viable.

Et Haïti a été longtemps une société coloniale et qui s’est toujours comportée comme une société coloniale entre Haïtiens. Une société profondément raciste entre Haïtiens. Donc ce legs, c’est un legs empoisonné. Et je pense qu’on a essayé de culbuter le malheur. Mais en Haïti, le malheur donne le malheur.

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