Les rapaces nocturnes, c'est chouette!
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Les chouettes et les hiboux, qui chassent principalement la nuit, ont développé une vision et une ouïe remarquables. Le photographe Aurélien Agnus nous emmène au plus près de ces oiseaux de nuit.
Dans la famille des strigidés, on demande la chouette et le hibou. L’une n’est pas la femelle de l’autre. Mais comment différencier ces rapaces nocturnes qu’on rencontre presque partout sur la planète (plus de 200 espèces recensées) ? Il suffit de regarder la présence éventuelle des aigrettes, « ces petites touffes de plumes qu’on peut voir sur le haut de la tête. Ce ne sont pas des oreilles, contrairement à ce qui est communément pensé. Les hiboux portent des aigrettes, et les chouettes n’en ont pas », explique le naturaliste et photographe Aurélien Agnus, qui publie un livre, Chouettes et hiboux, les yeux dans les yeux (édité par Delachaux et Niestlé, avec la LPO, la Ligue pour la protection des oiseaux).
C’est le portrait fascinant d’un hibou des marais que le photographe a choisi en couverture, deux yeux jaunes et leurs pupilles noires, transperçant, sa « rencontre la plus émouvante avec un rapace nocturne ». « C’était un matin d’hiver où il faisait très froid, les oiseaux étaient encore en chasse, alors qu’en général ils chassent davantage le soir que le matin. Et cet oiseau-là, plus confiant que les autres, est venu se poser de lui-même à cinq ou six mètres de moi, alors que j’étais allongé dans les hautes herbes. S’ensuit ce face-à-face, vraiment les yeux dans les yeux. »
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Vision nocturne
Les yeux des rapaces nocturnes, contrairement à nous, sont immobiles, mais grâce à leurs vertèbres cervicales, deux fois plus nombreuses que chez les humains, leur angle de vision atteint 270 degrés. Le jour comme la nuit. « Par une quantité de photorécepteurs, ils ont une faculté à augmenter leur puissance lumineuse bien plus que la nôtre, précise Aurélien Agnus. Très souvent, la simple lumière des étoiles ou d’un clair de lune leur suffit pour chasser. »
Mais comme le montrent les dizaines et les dizaines de photos d’Aurélien Agnus, qui nous fait pénétrer dans l'intimité des oiseaux et refuse l’utilisation du flash pour ne pas les perturber, les rapaces nocturnes sont parfois visibles également de jour, à l’aube ou au crépuscule. « Cela dépend de pleins de facteurs (la nourriture, le temps, le gel, la neige…) qui font qu’ils vont choisir de sortir une ou deux heures avant la tombée du jour ou après le lever du soleil. »
Chasse à l'ouïe
Mais plus que leur vue développée pour la chasse nocturne, c’est leur ouïe qui fait la différence. « Des études ont montré qu’une chouette comme l’effraie des clochers a une ouïe dix fois supérieure à la nôtre. Autre exemple, celui de la chouette lapone, qui vit dans le Grand Nord, dans la taïga : elle est capable de détecter acoustiquement une proie à 50 ou 60 mètres sous 50 centimètres de neige ! »
Ces oiseaux de nuit, chasseurs imparables, ont longtemps été haïs ou vénérés, selon les époques et les civilisations. Dans la mythologie grecque, la déesse de la sagesse, Athéna, était toujours représentée avec une chouette. Mais les rapaces nocturnes ont eu aussi mauvaise réputation en Europe, particulièrement au Moyen Âge, avec son lot de légendes.« On a très longtemps pensé qu’un oiseau de la taille d’une effraie (une trentaine de centimètres) était capable d’enlever un jeune agneau ou un jeune enfant », raconte Aurélien Agnus. Leurs habitudes nocturnes, la proximité avec les cimetières qui abondent de proies et où ils peuvent s’abriter, n’ont pas contribué à leur popularité. Le photographe souligne aussi que l’effraie des clochers émet « un cri pas très joli à l’oreille. Je vous laisse d’ailleurs faire le lien entre l’effraie des clochers et le verbe effrayer… » Mais n'ayez pas peur, c'est très chouette, les hiboux !
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