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Côte d'Ivoire: à Bouaflé, la tradition gouro en péril face au manque de sculpteurs de masques
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En Côte d’Ivoire, la communauté gouro cherche à préserver ses traditions ancestrales – c’est le cas de la sculpture de masques cérémoniels. Ils sont utilisés dans les danses populaires comme le zaouli, inscrit depuis 2017 au patrimoine immatériel de l'humanité. Le dernier grand maître sculpteur, Sabou Bi Botti, est mort il y a trois ans. Et les sculpteurs d’aujourd’hui peinent à transmettre leur art à la prochaine génération.
De notre envoyé spécial à Bouaflé, le chef-lieu de la région de la Marahoué,
Un rythme effréné, une danse saccadée, un masque coloré, c'est la trinité du zaouli, la cérémonie populaire anime les fêtes gouros en Côte d'Ivoire. Sous un soleil de plomb et un costume rouge, le danseur arbore ce jour-là un visage écarlate surmonté de deux biches – une scène au sens caché.
Ces masques décorés, Samuel Irie Bi Wable en sculpte chaque jour dans son atelier. Les pieds dans les copeaux, couteau en main, l’artiste façonne une pièce en bois. « Je suis en train de creuser actuellement l'arrière du masque. Ça, c'est un masque-dame appelé le flaly », explique-t-il.
Samuel est l’héritier d’une lignée de sculpteurs. Le quinquagénaire exerce depuis plus de 30 ans, mais il n’a pas de successeur, faute de moyen. « Compte tenu du fait que nous-mêmes nous sommes livrés à nous-mêmes, si nous avions les moyens d'encadrer nos apprentis, nous le ferions », regrette-t-il. Et pour lui, si les masques venaient à disparaître, ce serait la fin de la tradition : « Sans le masque, il n'y a pas de tradition. C'est une chaîne. Il faut entretenir tout ça. »
« La transmission, c'est bien. Mais il faut que ceux qui font cette pratique puissent vivre de leur art. »
Cette crise des vocations préoccupe le directeur régional de la culture. Lui-même gouro, Mathias Goore Bi Glan veut valoriser ce patrimoine. « Quand il n'y a pas de transmission, il y a un frein qui s'installe. Donc ce que nous faisons ici, dans la Marahoué, c'est essayer d'identifier tous nos praticiens, de les former à la transmission de leur art. »
Mais selon lui, les efforts ne peuvent pas se faire uniquement sur la transmission en tant que telle : « La transmission, c'est bien. Mais il faut que ceux qui font vraiment cette pratique puissent vivre aussi de leur art. Donc, il faut en faire la promotion. »
La promotion passe entre autres par les associations. Parmi elles, la Fédération du Zaouli. Gérard Tra Bi Tizié, l’un des responsables, a peur de voir sa culture disparaître. « C'est ce que nous ont laissé nos ancêtres. Si nous, à notre tour, on ne perpétue pas, qu'on laisse mourir, ça veut dire que nous n'avons plus de repères, alerte-t-il. Si les artistes vivent de leur art, ils vont insuffler un nouveau souffle, de nouveaux pratiquants vont plus s'intéresser à la culture. »
Et pour attirer la nouvelle génération, l’association compte sur des évènements comme le Festival international du zaouli – la 1ʳᵉ édition se déroulera du 4 au 8 décembre prochain.
À lire aussiCôte d'Ivoire: lutte contre la déforestation à Bonon, un bras de fer entre l'État et les planteurs [1/2]
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De notre envoyé spécial à Bouaflé, le chef-lieu de la région de la Marahoué,
Un rythme effréné, une danse saccadée, un masque coloré, c'est la trinité du zaouli, la cérémonie populaire anime les fêtes gouros en Côte d'Ivoire. Sous un soleil de plomb et un costume rouge, le danseur arbore ce jour-là un visage écarlate surmonté de deux biches – une scène au sens caché.
Ces masques décorés, Samuel Irie Bi Wable en sculpte chaque jour dans son atelier. Les pieds dans les copeaux, couteau en main, l’artiste façonne une pièce en bois. « Je suis en train de creuser actuellement l'arrière du masque. Ça, c'est un masque-dame appelé le flaly », explique-t-il.
Samuel est l’héritier d’une lignée de sculpteurs. Le quinquagénaire exerce depuis plus de 30 ans, mais il n’a pas de successeur, faute de moyen. « Compte tenu du fait que nous-mêmes nous sommes livrés à nous-mêmes, si nous avions les moyens d'encadrer nos apprentis, nous le ferions », regrette-t-il. Et pour lui, si les masques venaient à disparaître, ce serait la fin de la tradition : « Sans le masque, il n'y a pas de tradition. C'est une chaîne. Il faut entretenir tout ça. »
« La transmission, c'est bien. Mais il faut que ceux qui font cette pratique puissent vivre de leur art. »
Cette crise des vocations préoccupe le directeur régional de la culture. Lui-même gouro, Mathias Goore Bi Glan veut valoriser ce patrimoine. « Quand il n'y a pas de transmission, il y a un frein qui s'installe. Donc ce que nous faisons ici, dans la Marahoué, c'est essayer d'identifier tous nos praticiens, de les former à la transmission de leur art. »
Mais selon lui, les efforts ne peuvent pas se faire uniquement sur la transmission en tant que telle : « La transmission, c'est bien. Mais il faut que ceux qui font vraiment cette pratique puissent vivre aussi de leur art. Donc, il faut en faire la promotion. »
La promotion passe entre autres par les associations. Parmi elles, la Fédération du Zaouli. Gérard Tra Bi Tizié, l’un des responsables, a peur de voir sa culture disparaître. « C'est ce que nous ont laissé nos ancêtres. Si nous, à notre tour, on ne perpétue pas, qu'on laisse mourir, ça veut dire que nous n'avons plus de repères, alerte-t-il. Si les artistes vivent de leur art, ils vont insuffler un nouveau souffle, de nouveaux pratiquants vont plus s'intéresser à la culture. »
Et pour attirer la nouvelle génération, l’association compte sur des évènements comme le Festival international du zaouli – la 1ʳᵉ édition se déroulera du 4 au 8 décembre prochain.
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